... Dans cet « univers » créé par son imaginaire, il naît chez l’homme un désir : le désir de se plaire. Le sujet éprouve alors une joie pure, désintéressée : « pure » : parce qu’épurée de tout ce qui pourrait l’altérer, corrompre son essence. L'existence humaine n'a de sens que dans le mouvement pratique, dans l'action,  qui constitue la conscience comme une conscience de soi pour soi. Le désir est une tension née d’un manque qui vise un objet ou un sujet dont la possession est susceptible de procurer de la satisfaction, donc du plaisir. Chez l’animal, elle se traduit par l’instinct, chez l’homme, elle se dit par le désir. En conséquence de quoi, ce n’est pas le plaisir qui est à condamner mais la dépendance au plaisir qui nous rendrait esclaves de nos désirs au point de sombrer dans la démesure et dans l’excès. Dès lors, dès qu’un désir est réalisé, un autre désir apparait et exige de l’être lui aussi. Ce mouvement de reconnaissance réciproque caractérise l'humanité. L’acte de désirer intéresse Hegel. Le désir est ce qui manifeste à l’homme son incarnation : certes, il est un sujet qui pense de façon rationnelle, mais il est aussi un être qui éprouve, qui est animé par des forces qui parfois le dépassent, le débordent. Hannah Arendt écrira plus tard que les hommes ne peuvent communiquer, échanger que parce qu’il se rencontrent au sein d’une pluralité dans laquelle  à la fois ils se distinguent et se séparent, et à la fois ils se  ressemblent et se comprennent. L’imagination est la faculté intellectuelle par laquelle les images ou idées sont reliées entre elles de façon aléatoire, indépendamment de tout lien logique. Eu égard à l’objet, cette conscience ne réussit à s’atteindre dans son égalité à elle-même que par la suppression de cet objet. N'étant pas seule au monde comme l'était le Cogito cartésien, inévitablement la conscience hégélienne se trouve confronté au regard de l'autre, dans lequel elle cherche à conforter sa propre vérité. Si maîtriser ses désirs permet de ne plus les subir et d’atteindre une certaine sagesse, le désir est aussi ce qui nous met à l’épreuve et qui nous interroge sur notre capacité à pouvoir assumer nos désirs. Votre commentaire peut prendre un certain temps avant d’apparaître. Pour cesser de désirer il faut faire appel à la volonté et à la raison. Mais lorsqu’ils sont possédés, ils sont tels qu’ils sont dans le réel et non tels qu’on les a imaginés, d’où la déception. De même que le désir n’est pas le propre de l’homme mais  le propre du vivant, la pensée ou la conscience comme activité perceptive n’est plus le pensait Descartes, l’apanage de l’homme. Rousseau : « On jouit moins de ce que l’on obtient que de ce que l’on espère : on n’est heureux qu’avant d’être heureux ». La raison pose des valeurs (le bien, le mal, le vrai, le faux, à l’aune desquelles elle évalue les choses et le monde). L'existence humaine n'a de sens. Phrase 9 - Je ne suis une conscience de soi que si je me fais reconnaître par une autre conscience de soi, et si je reconnais l'autre de la même façon. Aussi longtemps que l’homme désire, il reste soumis à cette force aveugle. », « Dans le désir, la conscience de soi se comporte à l’égard d’elle-même comme une réalité singulière. Cours et exercices de philosophie à l'attention des élèves de terminales, notes de lecture, actualités... Pour tous les amoureux de la philosophie. Hannah Arendt écrira plus tard que les hommes ne peuvent communiquer, échanger que parce qu’il se rencontrent au sein d’une pluralité dans laquelle  à la fois ils se distinguent et se séparent, et à la fois ils se  ressemblent et se comprennent. Depuis 2008, la-philosophie.com agit pour la diffusion de la tradition et des grandes pensées philosophiques. ,  de la supprimer dans son être, qui est sans rapport avec le mien, qui est  indépendant de moi, de la nier dans son indépendance , et de l’assimiler à moi,  de la faire mienne. Cependant elle est aussi pour un autre, ici pour une autre conscience de soi, c'est donc qu'elle se présente comme «enfoncée dans l'être de la vie», et elle n'est pas pour l'autre conscience de soi ce qu'elle est pour soi-même. Le site couvre ainsi les grandes traditions philosophiques, des présocratiques aux philosophes contemporains, tout en essayant d’apporter une lecture philosophique au champ culturel en général, qu’il s’agisse de cinéma, de littérature, de politique ou de musique. Or, avoir peur de la mort est absurde : en effet, on ne peut connaitre ce dont on ne peut faire l’expérience. Mais lorsqu'elle se contemple dans le regard de l'autre, la conscience de soi est étrangère à sa propre vérité. Et Epictète d’ajouter que si l’homme est malheureux  c’est parce qu’il veut changer ce qui ne dépend pas de lui. Cette reconnaissance mutuelle, telle que les individus se reconnaissent comme se reconnaissant réciproquement, crée l'élément de la vie spirituelle, le milieu où le sujet est à soi-même objet, se retrouvant parfaitement dans l'autre, sans toutefois faire disparaître une altérité qui est essentielle à la conscience de soi. La Connaissance : Définition Philosophique, Bac Philosophie 2020 : Notre guide des révisions. Au travers de ce qui existe, cette force se cherche elle-même. D'une part "chacune voit l'autre la même chose qu'elle fait", chacune des deux consciences modèle son comportement sur ce qu'elle reconnaît de soi en l'autre, mais d'autre part le désir se fait aussi "mimétique", comme l'écrirait aujourd'hui René Girard : chacune "fait ce qu'elle fait en tant que l'autre le fait aussi", chacune des deux conscience agit en copiant ou en désirant  le désir de l'autre, parce qu'il est autre. Hébergé par Overblog. Sachez avant tout qu’il n’existe pas de réponse unique à cette question. Non, si cela doit signifier les affaiblir et les anéantir ». Pour Hegel, le désir humain fondamental n’est pas désir de consommation de l’objet, désir de plaisir ou de jouissance physique (cf. Peut-on vouloir ne plus désirer ? Phrase 5 - Mais dans cette manifestation de soi, elle doit découvrir une égale manifestation de l'autre. Désirs naturels mais non nécessaires : le corps le demande mais ils ne sont pas vitaux. Sujet et objet sont recouverts de qualité qui ne leur appartiennent pas. [La reconnaissance d’autrui  fonde non seulement la conscience de soi mais rend possible toute vie proprement humaine.]. Et Nietzsche de souligner que tous ceux qui condamnent le désir sont ceux qui vénèrent tout ce qui affaiblit la vie. Ce que le réel offre peut-il répondre de ce que l’imagination a produit ? Ainsi, selon Hegel, tout désir est fondamentalement désir du désir de l’autre. Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. « Pure » peut-être compris dans le sens chimique du terme : sans mélange…. Le désir amoureux procéderait d’une unité originelle qui aurait été perdue. Désirer, n’est-ce pas enrober l’objet convoité d’attributs qui lui sont étrangers et qui ne procèdent que de la construction intellectuelle du sujet désirant ? Phrase 2 -  Cependant elle est aussi pour un autre, ici pour une autre conscience de soi, c'est donc qu'elle se présente comme «enfoncée dans l'être de la vie», et elle n'est pas pour l'autre conscience de soi ce qu'elle est pour soi-même. C’est pourquoi de nombreux sujets de dissertation peuvent envelopper une interrogation sur le désir. On constate que la satisfaction réfléchie et mesurée des désirs peut permettre d’éprouver du plaisir sans la souffrance que peuvent engendrer la dépendance et la démesure. Chacune voit l'autre faire la même chose que ce qu'elle fait, chacune fait elle-même ce qu'elle exige de l'autre, et fait donc ce qu'elle fait  en tant que l'autre aussi le fait.». Phrase 6 - " Le mouvement est donc uniquement le mouvement de deux consciences de soi. Cependant, il peut suffire d’une simple étincelle de désir pour initier le changement. En effet pour exister extérieurement comme une conscience de soi et non comme un objet voué à la dialectique destructrice du désir d'autrui la conscience doit être posée comme égale et identique à soi. Selon Spinoza, le désir est l’essence de toute chose. Laval Théologique et Philosophique 61 (2):345-353 (2005) Si originellement le désir est irraisonné, illimité, le soumettre au travail de la raison pour que cette dernière le canalise et le maîtrise, est-ce atteindre une certaine forme de sagesse ou tuer le désir pour le limiter au simple besoin ? Aussi longtemps que l’objet convoité n’est que désiré (donc aussi longtemps que le désir n’est pas satisfait) le plaisir n’est que présupposé. Le but : aboutir à l’apathie : l’extinction définitive du désir : absence totale de trouble physique et psychique. C’est la raison pour laquelle la possession … De ce fait il  s'affirme comme un être spirituel et culturel, échappant au déterminisme naturel. « Les passions les plus puissantes sont les plus précieuses dans la mesure où il n’y  pas  de plus grande source de joie ». Cette définition de la conscience a été formulée de la façon la plus aboutie dans l’histoire de la philosophie par René Descartes au XVII° siècle. Ces deux aspects s'opposent. Et cette maîtrise de soi peut aller jusqu’à vouloir atteindre une sagesse qui consisterait à ne plus désirer du tout pour ne plus souffrir. Or, tant que la mort n’est pas là, je suis encore là, quand elle arrive, je ne suis plus. Qu'est-ce qui différencie alors  l'homme de l'animal ? Ce qui la rend mortifère : ils vénèrent la souffrance et la pitié. Désirant, l’homme est un non-être,  un vide, un néant conscient de lui-même, qui ne peut être que dans la mesure où il anéantit l’Être pour se réaliser à ses dépens. Theme: Twentyeleven © 2012 - La réalisation d’un désir conduit-elle à la satisfaction ou à la désillusion ? Epicure rappelle que le mal est lié à la sensation et que la sensation est subjective et relative mais elle reste vraie et effective pour celui qui la ressent. Ce caractère infernal du désir peut être comparé au supplice de Tantale. La modération des commentaires est activée. Pour Hegel il ne peut y avoir pensée que s'il y a  désir. Pour comprendre la dimension négatrice et destructrice  du désir, il suffit de prendre en exemple la faim. Aristote : "L'étonnement est la source de la connaissance", Explication de texte : HEGEL : Conscience, Désir et Altérité, ● Qu’est-ce qui caractérise la conscience de soi humaine  ou ce que l’on appelle plus généralement, Par définition la conscience de soi est d’abord un principe d’identité, un « je  suis»  par lequel tout être percevant ou pensant rapporte à soi ses perceptions ou ses pensées. Ce phénomène peut alors le conduire à éprouver du plaisir sans désir. II. On atteint la sérénité et la sagesse. Les colonnes du site sont ouvertes aux contributions externes. que dans le mouvement pratique, dans l'action,  qui constitue la conscience comme une conscience de soi pour soi. En ce sens, le désir est le produit d’une construction intellectuelle dans lequel le sujet désirant imagine, idéalise l’objet et se projette. Rationaliser les désirs pour les maîtriser, les réaliser avec mesure, lire le désir comme exclusivement synonyme de souffrance au point de ne plus chercherà  désirer du tout, n’est-ce pas, d’une part, manifester une certaine crainte quant au caractère impulsif du désir, d’autre part, oublier que le désir est aussi une force qui peut conduire le sujet à agir au-delà de ce dont il se pensait être capable ? Sous cet aspect, elle se vit comme niée dans son être, dans son intériorité, dans sa vérité d'être pour soi. Désirer signifie être à la recherche de ce dont on manque et dont le manque provoque de la souffrance. Le désir ne serait-il pas l’essence de l’homme ? Le rameau tel qu’on le désire, tel qu’on l’imagine : un rameau couvert de diamants…. Kant et Hegel selon le modèle adornien de critique et de métacritique. Désirer signifie être à la recherche de ce dont on manque et dont le manque provoque de la souffrance. La-Philosophie.com aide les élèves de terminales dans la préparation du bac, les élèves de classes prépa dans celle de leur concours, ceux de fac dans leurs recherches, et enfin tous les curieux de sciences humaines à étancher leur soif de savoir. Selon Schopenhauer, la réalisation d’un désir : « c’est comme l’aumône que l’on jette à un mendiant, elle lui sauve aujourd’hui la vie pour prolonger sa misère jusqu’à demain ». Ce travail de production et de transformation de l'être (que ce soit celui de la nature ou celui de l'homme) par lequel l'homme décide librement de son être et de son devenir, n'est possible que dans la société des hommes où se déroule la rencontre avec autrui. Mélanges Dauvillier. pour exister extérieurement comme une conscience de soi et non comme un objet voué à la dialectique destructrice du désir d'autrui la conscience doit être posée comme égale et identique à soi. mots clés : conscience, conscience-pour soi,conscience-en-soi, altérité, reconnaissance, autrui,désir, Publié dans Cependant ici le mouvement du désir ne se calque pas  simplement sur le mécanisme de l'empathie décrit au XVII° par Rousseau : j'ai pitié de l'autre car dans la souffrance de l'autre je reconnais ma propre souffrance. Nous avons procédé à une comparaison entre l'inquiétude selon Leibniz et l'inquiétude selon Hegel dans notre ouvrage Mallarmé et l'éthique de la poésie, Paris, Vrin, 1992, p. 36 sq. Sous l’effet du désir, la raison peut être destituée par une imagination débordante qui peut conduire le sujet vers l’irrationnel, le déraisonnable. Discover Interview de Simone. Elle les combine de façon aléatoire et arbitraire. Pour Descartes,  l’homme se distingue des autres êtres, par sa qualité de « substance pensante » - tous les autres êtres étant renvoyés du côté de la  « substance étendue » ou matière - la pensée étant par définition toujours connaissance ou conscience de soi. Dès le premier paragraphe Hegel marque la spécificité de l'homme en insistant sur ce qui fait sa double existence , d'une part comme être naturel, d'autre part en tant qu'esprit, c'est-à-dire en tant qu'être susceptible de prendre conscience de lui-même. Pour cesser de désirer, il faut retourner le vouloir-vivre contre lui-même pour qu’il se neutralise. Jeffrey Reid. Elle est un acte réflexif  (« pour soi ») par lequel un être effectue par la pensée un retour sur lui-même, et  se saisit comme objet de ses propres pensées. Pourtant, l’humanité paraît d’abord se former en dehors de la sphère du travail et de ses servitudes. Quand on réfléchit sur le désir, il faut distinguer le sujet qui désir et l'objet qui est désiré. », « Le désir est […] appétit, courage et volonté […]. Le désir se dédouble. La conscience de soi ne peut-être elle-même que dans la reconnaissance obtenue auprès d'autrui et réciproquement. Epicure ne condamne pas le plaisir. Le concept de vie organique qui pousse la substance éthique à se différencier en elle-même et à faire retour à soi, à être chez-soi dans ses différences autodéterminées par des lois, est l’État : « L’État est un organisme, c’est-à-dire le développement de l’Idée selon le processus de différenciation de ses divers moments. Il faut alors tenir compte du fait que l'objet désiré, le sujet en est privé. La Raison (Logos en grec) est la faculté intellectuelle fondée sur la logique qui permet le raisonnement ordonné, démonstratif et cohérent. Ce document a été mis à jour le 20/09/2013 Lorsque l'homme agit dans le monde, il agit non pas pour subvenir à ses besoins et survivre en tant qu'espèce animale plongée dans l'immédiateté de la nature  transformant instinctivement les choses de la nature en bien utile à son existence. lol! Genèse et structure de la phénoménologie de Hegel (1946). En conséquence de quoi, force est de se demander ce que l’imagination confère à l’objet convoité et auquel le réel ne peut pas répondre. Non aturels et non nécessaires : le corps ne le demande pas, ils sont inutiles. Le désir se révèle toujours comme mon désir, et pour révéler le désir il faut se servir du mot « je ». Pour éprouver du plaisir sans être dépendant de ses désirs, il est donc nécessaire de les maîtriser. Ils sont ceux qui condamnent la vie, ceux qui luttent contre leurs instincts parce qu’animés par le ressentiment. Ensuite, philosopher consiste à argumenter de manière rationnelle sur son étonnement. Dans l'action, l'homme transcende (se place au-delà de) la nécessité naturelle. Bref, chez Hegel il y a une échelle de désirs qui s’établit selon le statut de l’objet du désir. 13. Epictète distingue ce qui dépend de nous de ce qui ne dépend pas de nous. Parce que l’homme peut penser le vouloir-vivre, il peut, par le raisonnement, paralyser ce vouloir-vivre et s’en arracher. platon etait trop négatif pessimiste le désir peut avoir du très bon,désir ou soif de spiritualité ,désir de s’améliorer,désir de choses bonnes pour la vie et nous sommes humains.heureusement que simone de Beauvoir, Spinoza et deleuze ont vu le désir comme quelquechose de constructif!! En effet, parce qu’ils sont trop faibles pour assumer et vivre leurs désirs, il les condamne, ils tiennent un discours moralisateur et culpabilisant pour empêcher ceux qui ont la force de les vivre de pouvoir jouir de leur assouvissement. Cette pluralité qui s'organise comme un tout et  rend  possible l’action et le langage, est  LA condition nécessaire à une vie proprement humaine. Julien Josset, fondateur du site. Elle sait qu'elle est un vouloir  conscient de lui-même, qu'elle n'est pas un objet parmi les objets, mais un sujet capable de vouloir pour lui-même.